UNE HISTOIRE DU MONDE DES AFFAIRES

avec une étincelle de sagesse

« De l'eau, de l'eau, partout de l'eau, mais aucune goutte ne nous restait... »
De La Complainte du vieux marin
de Samuel Taylor Coleridge

Imaginez, mes Chers Lecteurs, un aquarium vraiment immense, où l'on trouvera ensemble, vous et moi, une poissonnette rouge sincèrement sympathique (dans tous les sens du terme) et vraiment magique répondant au nom de Goshio.

À l'intérieur de cet immense aquarium merveilleux, Goshio, la poissonnette rouge, peut choisir comme elle l'entend sa trajectoire, sa vitesse et même la profondeur à laquelle elle évolue. À cet égard, nous pouvons considérer notre poissonnette rouge véritable souveraine de sa propre vie, comme habillée de pourpre et d'hermine. Après tout, elle prend toutes ses propres décisions : la température qu'elle maintient dans l'aquarium, le déjeuner et le dîner qu'elle savoure, les amis et les ennemis qu'elle se fait, le taux d'oxygène qu'elle maintient dans son habitat, et même les types d'herbes (ou d'algues) qu'elle désire voir pousser sur le sol de l'aquarium, etc.

UNE POISSONNETTE ROUGE INDÉPENDANTE?

À l'interieure de l'aquarium, notre poissonnette rouge controle tout (ou au moins c'est ce qu'elle croit)

Il n'y a qu'un seul problème « négligeable » dans la vie de Goshio.

SEULEMENT UN "PETIT"

Il s'avère que l'aquarium dans lequel elle vit et qu'elle traverse au quotidien a son propre mouvement – un mouvement dont la poissonnette rouge n'est que faiblement consciente et qu'elle ne comprend guère.

Oh, mais ce n'est pas surprenant ; malgré le titre de notre histoire, ce fabuleux aquarium ne se trouve pas vraiment dans une fable, et notre merveilleuse poissonnette rouge ne vit pas tout à fait dans un monde féerique… Non, l'aquarium se trouve sur un méridien M très spécifique, sur le parallèle P plutôt à la mode dans le pays N (ou, peut-être, dans le « pays » des vagues océaniques errantes et merveilleuses) sur la planète Terre – troisième planète du système solaire dans la galaxie au nom plutôt curieux de Voie lactée (où se trouve par ailleurs l'astéroïde B 325).

Notre planète, qui a bonne réputation auprès des géographes, tourne autour du soleil et pivote aussi sur son propre axe, et toutes choses sur Terre tournent et pivotent avec la planète (tout en essayant de ne pas tourner trop en rond). Cela inclut bien sûr notre aquarium (ou plutôt celui de Goshio). Ces révolutions provoquent les phénomènes naturels dont les humains sont les témoins quotidiens, comme le relais du lever et du coucher du soleil, la valse à mille temps de la nuit et du jour, la sonate au clair de lune des marées et le carrousel sans fin des saisons. Mais pour notre Goshio, un lever du soleil (voire même quarante-quatre magnifiques levers du soleil) est simplement un lever du soleil, et le coucher du soleil n'est qu'un coucher du soleil – mais vraiment, qu'est-ce que la révolution de la planète a à voir avec tout cela?

Mais vous-mêmes, mes Chers Lecteurs, alors que vous parcourez attentivement ces lignes à ce moment précis, vous vous déplacez continuellement en raison du mouvement de notre planète.

Notre poissonnette rouge accorde peu d'attention à ce qui se passe dans l'autre monde – à l'extérieur de son aquarium, car elle est complètement immergée (dans tous les sens) dans ce qui se passe à l'intérieur ; et je peux vous assurer que son monde aquarien est vraiment très mouvementé. La poissonnette rouge ne trouve ni rime ni raison à l'idée «brumeuse » selon laquelle le monde extérieur à l'aquarium justifie le moins du monde son attention particulière. Cette vision du monde à laquelle Goshio tient fermement s'avère souvent périlleuse pour elle-même, car l'environnement peut fortement influencer le sort de notre héroïne.

Pour illustrer ce point : disons que la température extérieure plonge soudainement – cela signifie que les eaux chaudes de l'aquarium vont se refroidir rapidement et même geler, avec la poissonnette rouge Goshio à l'intérieur, comme vous pouvez l'imaginer. Cela arrivera même si notre poissonnette rouge n'a aucune notion de la température extérieure.

Afin que tout soit très clair, par « environnement », j'entends ici le monde extérieur à l'aquarium familier, le monde « paraquarien », différent des alentours immédiats de notre poissonnette rouge (dans l'aquarium).

Vous pourriez demander, mes Chers Lecteurs, et cela à très juste titre, comment l'aquarium de Goshio a-t-il bien pu se retrouver au milieu de nulle part et partout, dans le royaume de Poséidon. Eh bien, c'est peut-être une rafale errante qui l'a arraché d'un foyer confortable et chaleureux, ou peut-être une tornade.

Eh bien... Inconsciente du monde extérieur, notre poissonnette rouge ignore également le mouvement de son propre aquarium à travers quelque « autre » espace – eh bien, peut-être a-t-elle une vague idée subconsciente « qu'il y a quelque chose au-dehors ». Néanmoins, le propre mouvement de l'aquarium, imprévisible et parfois traitre perfide, cause des soucis, petits et grands à notre chère petite poissonnette rouge.

Disons que notre poissonnette rouge a décidé que le moment était venu de profiter de la vie, de faire une pause au milieu de ses affaires très importantes et vitales, et de partir en vacances dans les eaux chaudes et accueillantes des mers du sud. Affaire conclue ! Elle commence à nager vers le sud à une vitesse de, disons, 10 km/h. Hélas, malheur à notre poissonnette rouge, l'aquarium lui-même, à l'insu de notre héroïne, commence à se déplacer plein nord à une vitesse de 100 km/h, poussé par une force dont notre « voyageuse » n'a pas conscience.

Peut-être qu'elle a toujours été là. C'est, après tout, une fable, et Goshio est, en effet, une poissonnette rouge magique, même si, elle est aussi éphémère que la rose bien-aimée. Alors, accordons simplement de laisser ce phénomène inexploré et inexpliqué pour l'instant et poursuivons notre histoire.

La voici, nageant assidûment et sans cesse à la rencontre des courants chauds et caressants des mers du sud (guidée par sa brillante étoile polaire), caressant l'idée de se baigner et se prélasser dans les vagues amicales, de capturer du regard l'incroyable beauté et la sérénité de la mer… Mais tout autour, il n'y a que des assauts de tempêtes, des ouragans tourbillonnants et des pluies glaçantes diluviennes. Une éternité s'écoule durant laquelle notre Goshio lutte avec acharnement contre les éléments déchaînés, ne parvenant pas à atteindre sa destination et son désir sacré le plus profond : savourer les vagues calmes, douillettes et sereines bien méritées des mers du sud.

Dans notre allégorie, l'aquarium est l'entreprise dans laquelle l'Entrepreneur (le poisson rouge) vit et opère. C'est l'habitat naturel de l'Entrepreneur, et c'est aussi l'« enclos naturel » qui limite la « liberté de nager », des limites que l'Entrepreneur saisit très bien dès le début de sa carrière.

« De l'eau, de l'eau partout... » Alors « pourquoi étudier autre chose que l'eau ? » vous répétiez-vous en votre for intérieur. Et cela est très vrai – jusqu'au moment où la mouette fond sur notre poissonnette rouge et l'arrache aux vagues. En deux secondes, Goshio arrive à la conclusion brillante mais horrible que l'eau n'est pas la seule chose au monde.

Oh, mais quel dommage… Pouvez-vous imaginer le désarroi de notre poissonnette rouge indépendante et entreprenante ?

Et s'il vous arrive d'être l'un de ces petits poissons, alors vous avez vécu dans l'eau et respiré de l'eau toute votre vie. L'eau représente tout que vous avez vu et connu. Dès la première inspiration de vos branchies, il n'y avait que de l'eau tout autour. Et votre papa-poisson et votre maman-poisson ne parlaient que d'eau – dans le dialecte aquarien immaculé, rassurez-vous. Vos tantes et oncles, frères et sœurs, et même les cousins lointains ont vécu, vivent et vivront à jamais heureux dans l'eau. Pas un instant une goutte de doute ne s'est insinuée dans votre esprit que vous viviez dans l'eau ou non.

Si vous avez travaillé toute votre carrière dans le secteur manufacturier, alors la manufacture est votre « eau ». Tout ce que vous connaissez, c'est la manufacture. Votre père et le père de votre père travaillaient dans la manufacture. La manufacture est ce que vous avez étudié à l'université, et votre premier stage a été dans une usine de fabrication de biens. En trente ans, tout ce que vous avez connu et fait, c'est l'assemblage et la fabrication. Et donc, vous croyez que tout ce qui vous entoure ne peut être autre chose que la manufacture.

Notre chère poissonnette rouge a une relation si ténue avec le monde extérieur qu'elle ne sait presque rien sur son existence. Et même si elle réside sur la planète Terre, une planète avec une très bonne réputation, pour elle c'est presque un monde extraterrestre. Son existence autarcique et « autonome », indépendante (elle le croit) du monde « paraquarien », ne semble pas du tout mauvaise. L'idée que l'aquarium puisse avoir son propre mouvement, non soumis à ses souhaits, a toujours représenté un concept trop incroyable et ésotérique pour son esprit strictement pragmatique.

Goshio sait qu'à l'intérieur de son aquarium elle est vraiment reine et souveraine, et fait tout ce qui lui plaît (enfin, presque). Pour elle, cet axiome est clairement et absolument non-néGoshiable. « Ah ! Voilà un autre sujet » pense-t-elle, s'enveloppant dans un manteau de fourrure de belette aux reflets violets alors qu'un requin tigre errant s'approche de l'aquarium. Cependant, l'idée qu'il puisse exister quelque chose d'autre à une distance lointaine et surréelle au-delà des murs de l'aquarium lui est venue une fois ou deux (ou trois au mieux) – et même alors, c'était un rêve flou et brumeux.

Pour citer Jack Welch, le légendaire PDG de General Electric : «Si le taux de changement à l'extérieur dépasse le taux de changement de l'intérieur, la fin est proche.»

Et puis elle meurt.

Pour notre chère petite Goshio, la vie continue tout simplement. Un jour, les courants de l'aquarium sont calmes, sereins et sans rides – comme un grand miroir uniforme et cristallin. Mais le lendemain même, tout change en un éclair. Un vent souffle en rafales de nulle part et l'eau se teinte d'un vert boueux ; parfois, c'est un bleu sombre et menaçant, et il y a même des moments où l'eau se drape d'un noir austère et saisissant. Les autres poissons, coquillages et même le sable s'estompent en un clin d'œil – seules les vagues délirantes et déchaînées restent, écrasant tout à perte de vue.

Parfois, notre Goshio trouve la vie dans son aquarium vraiment trop dure. Que doit-elle faire dans ces moments ? Eh bien, tout ce qu'elle peut faire, c'est ordonner majestueusement que tout soit pour le mieux dans le meilleur des tous les mondes possibles. Car Goshio ne tolérait pas la désobéissance.

Ici, Goshio se remémore nostalgiquement les cours de français de son enfance et se dit, « C'est la vie ». En effet, elle croit que c'est « juste la façon dont le monde fonctionne », que les choses sont comme elles sont selon les lois de la Nature elle-même. Et n'oublions pas la marée incessante de doutes qui déferle, accompagnée de peurs de l'avenir, de regrets « d'années infructueuses et sans but » et d'un ressassement infini de ses propres exploits passés...

Oh mais trop souvent, une goutte de doute perle dans l'esprit de notre chère poissonnette rouge : elle doit avoir des ennemis qui ne lui veulent pas que du bien et se dressent sur la route de son succès. Mais en vérité, elle est aussi ignorante de son emprisonnement qu'Edmond Dantès l'était au début de sa détention au Château d'If.

Et cela, mes amis, est le vrai problème de notre poissonnette rouge – en effet, elle ne sait presque rien des changements qui s'opèrent à l'extérieur… Elle ne peut pas les observer ou les reconnaître… pour l'instant.

Il était une fois… j'étais moi aussi un tel poisson rouge… Mais quand j'ai découvert que mon aquarium bougeait, en fait, à mon insu ou sans mon consentement, je me suis de plus en plus intéressé à cette question : Qui (et aussi pourquoi, comment et où) déplace nos aquariums avec de sympathiques – à bien des égards – poissons rouges (Entrepreneurs) à l'intérieur ?

Je crains que cela n'aide pas notre courageuse et fabuleuse héroïne. Au-delà de ses vaillants efforts, il lui faudrait également choisir la bonne façon de canaliser son énergie. Par exemple, si seulement Goshio avait su que son aquarium se déplaçait, en fait, plein nord, et qu'elle aussi se dirigeait droit vers l'Arctique, elle aurait pu prendre les mesures nécessaires pour isoler son navire et trouver un endroit aux Champs-Elysées pour acheter un confortable manteau de fourrure chaude (et très élégant) au lieu du maillot de bain dernier cri qu'elle a récemment acquis à Nice – les maillots de bain à la mode ne servent pas à grand-chose dans les eaux polaires…

Lorsqu'un courant mystérieux dépose enfin notre naïve poissonnette rouge à proximité du pôle Nord (peut-être a-t-elle réussi à échapper à la mouette – elle est plutôt magique, ne l'oublions pas !), Goshio persiste néanmoins dans son noble désir d'atteindre ces mers chaudes et accueillantes. Et juste avant de mourir de froid dans les eaux glacées et menaçantes de l'Arctique, toute frissonnante du froid implacable, notre courageuse héroïne rassemble toutes ses dernières forces pour extraire de son cerveau de cyprinidé à moitié gelé, cette conclusion rationnelle : il lui suffit simplement d'augmenter sa vitesse vers le sud de 10 à 11 km/h, même voire jusqu'à 12 km/h. L'amour de Goshio pour les Antilles est indéfectible, et alors qu'elle recouvre sa volonté et ses esprits, elle fredonne « Et si tu n'existais pas... ». Aux yeux de notre poissonnette rouge à l'esprit pratique, il va de soi qu'il lui suffit simplement de fournir quelques efforts supplémentaires pour résoudre son problème et atteindre le résultat désiré, n'est-ce pas ?

Curieusement, chaque fois qu'une tempête éclate en mer, notre Goshio se demande très sincèrement ce qui lui arrive et pourquoi le destin vient troubler son univers aquarien de tant de vicissitudes.

Chaque fois que les Entrepreneurs autour de moi devaient faire face à une nouvelle tempête, comme la perte de parts de marché, la baisse des ventes, la concurrence croissante, le faible engagement des employés, etc., ils proposaient invariablement une solution « de l'intérieur de l'aquarium ». Ils n'avaient pas la moindre idée que ce n'étaient pas seulement les eaux de leur aquarium d'origine – pas tellement ces eaux qui leur étaient plus chères – qui imploraient leur attention et leur compréhension, mais plutôt les éléments, qui se trouvaient au-delà des courants ambiants qui leur étaient bien familiers, dans les « Terres du Marché » infinies du monde extérieur.

Mais, étant donné la situation (pour le moins… fluide) Goshio est condamnée à rester à jamais dans ce royaume aux courants imprévisibles et précaires… et à périr gelée tôt ou tard dans ces eaux dures, mordantes et hostiles.
Mais que pensez-vous de tout cela, mes Chers Lecteurs ?

Alors que 500 ans se sont écoulés depuis que De Vinci a formulé le principe ci-dessus, nous pouvons en toute confiance répéter ses conseils non seulement aux artistes, mais aussi à tous les entrepreneurs modernes. Depuis six ans maintenant, je mène des recherches approfondies pour trouver les raisons derrière le « taux de mortalité » élevé chez les Entrepreneurs, et cela m'a amené à considérer une question très fascinante et vitale dans la philosophie de l'entrepreneuriat: Quel est le meilleur point de vue pour comprendre et percevoir sa propre sphère d'activité – un point de vue qui aiderait les Entrepreneurs à trouver de nouvelles opportunités pour eux-mêmes et leurs futurs Clients?

« La perspective est le guide et la porte d'entrée; et sans elle rien ne peut être bien accompli… »
Léonard de Vinci (1452-1519)

Partie II : Centrologue (Passage à la Galerie d'Observations Artistiques)

Si vous souhaitez retrouver Goshio le plus vite possible, Chers Lecteurs, n'hésitez pas à sauter ce Centrologue et à passer directement à la Partie III, La galerie artistique des réalités entrepreneuriales. Pourtant, si vous voulez vraiment savoir pourquoi il s'agit d'une « Galerie artistique, » et si vous souhaitez avoir un aperçu de l'historique de cette histoire, alors patientez avec moi encore une page, ou deux, ou trois. Qui sait ? – Peut-être que cela piquera votre intérêt. Et Goshio pendant ce temps continuera à traverser à la nage les eaux froides, chaudes ou tièdes, je vous le promets...

Et ici, je voudrais établir plusieurs parallèles entre ces mondes – l'art et l'entrepreneuriat – car les deux ont beaucoup en commun. Tant dans l'entrepreneuriat que dans l'art, le point de vue choisi détermine le paradigme spécifique de notre pensée – en particulier lorsqu'il s'agit de choses qui influencent nos convictions, notre vision du monde et même la condition de notre existence.

En effet, au début des années 1900, Picasso décrivait son approche de l'art de cette manière :
« Je peins les objets comme je les pense, pas comme je les vois. »

Dans l'art, il y a une différence entre la réalité et l'œuvre représentant cette réalité. Cette différence est encore accentuée par la vision que l'artiste a du monde qui l'entoure. Depuis la Renaissance, les peintres européens ont cherché à créer l'illusion d'un espace tridimensionnel dans leurs dessins et peintures. Ils voulaient que les spectateurs voient le tableau comme s'ils l'observaient d'un endroit particulier ; par exemple, en regardant par une fenêtre, de l'intérieur ou de l'extérieur, pour apercevoir une scène, une salle intérieure, une personne ou un objet. Pourtant, l'avènement du XXème siècle, avec tous ses développements concernant la physique quantique et la théorie de la relativité, a aussi vu la naissance de nouveaux mouvements dans le domaine des arts visuels – des mouvements qui renonçaient la doctrine de l'unicité du point de vue approprié. Peut-être, Chers Lecteurs, avez-vous déjà deviné ce dont je vais parler : le cubisme. Même si vous connaissez ou si ne connaissez pas les subtilités du mouvement cubiste, vous avez probablement entendu parler de ses figures clés comme Pablo Picasso, George Braque et Jean Metzinger. Le principal trait distinctif du cubisme est sa rupture avec les traditions classiques de la peinture en ce qu'il reconnaît l'importance de multiples points de vue et induit ainsi la perception de la simultanéité tout en observant l'objet dans sa totalité.

La perspective choisie est un phénomène unique parce qu'elle englobe tout l'espace et le temps pour l'observateur. Curieusement, le mot « perspective » vient du latin perspicere, qui signifie « regarder avec attention, voir clairement, regarder à travers ». Dans le monde de l'art, contrairement au monde de l'Entrepreneuriat, la question de perspective n'est pas considérée comme nouvelle ou originale.

SUCCÈS
ÇA DÉPEND DE LA PERSPECTIVE

Ma muse artistique principale fut Pablo Picasso. C'est d'ailleurs son tableau, Les Demoiselles d'Avignon, qui m'a servi d'inspiration pour cette fable. Il y a plus de cent ans, Picasso prononçait ces mots :
« Selon moi, chercher ne signifie rien en peinture. Ce qui compte, c'est trouver. »

Albert Einstein disait: «L'imagination est plus importante que la connaissance. Car la connaissance est limitée, tandis que l'imagination embrasse le monde entier, stimulant le progrès, donnant vie à l'évolution.»

Il existe un principe crucial lié à la créativité : celle-ci n'est pas limitée par les frontières de l'expérience humaine connue ni par des algorithmes généralement acceptés. Elle n'est basée ni sur la logique ni sur les mathématiques, et elle existe avant tout dans le domaine de l'imagination, muse de tous les arts. La créativité est ce « pont » même entre l'art et l'entrepreneuriat.

Les artistes du cubisme représentaient un objet tel qu'ils l'envisageaient – dans son intégralité et sous tous ses angles à la fois. Ils ne dessinaient plus une coupelle de fruits (ou un vase de tournesols) simplement comme ils le percevaient de leurs propres yeux – au contraire, ils préféraient présenter tous les côtés de l'objet en même temps. Une telle représentation simultanée des diverses facettes de la réalité, dépeignant des objets à partir de divers points de vue, marquait une approche avant-gardiste de l'art. En réfléchissant à cette perception de l'art, j'ai envisagé tout un monde de possibilités en comparant la vision du monde de l'artiste cubiste et celle de l'Entrepreneur. Je peux affirmer sans la moindre hésitation que c'est la perspective révolutionnaire du cubisme dans son adoption des multiples perspectives et points de vue qui m'a incité à explorer de nouveaux points de vue dans mon propre domaine d'activité, l'Entrepreneuriat. Néanmoins, le motif principal de cette analogie avec le cubisme réside dans une autre idée encore. A travers leur technique, j'ai vu une opportunité incroyable de transformer une infinité de réflexions entrepreneuriales sur les « il faudrait faire » ou les « faut qu'on… » en de nouveaux points de vue et perspectives. Ces nouveaux points de vue font naitre diverses observations, qui, à leur tour, entraînent des découvertes fraiches. C'est d'ailleurs l'idée centrale de l'histoire que vous lisez : démontrer aux Entrepreneurs l'existence de perspectives multiples et de points de vue divers sur leurs activités et leur interaction avec l'environnement. Cette compréhension leur permet ainsi de trouver des solutions nouvelles et créatives.

Toutes les observations sont intimement liées, ce qui rend souvent difficile leur distinction, car elles représentent, après tout, des angles différents envisageant le même « objet » (l'Entrepreneuriat) – tout simplement perçu à partir de points de vue différents. Également, dans le monde réel de l'Entrepreneuriat, toutes ces pensées, considérations, idées, perceptions et sentiments sur les affaires sont autant de fils qui s'entremêlent pour façonner un tissu complexe et très élaboré, créant ainsi toutes sortes de particularités et d'idiosyncrasies dans les mentalités des poissons rouges – et moins allégoriquement, dans les visions du monde des Entrepreneurs. Mais en même temps, chaque Observation-Tableau se concentre sur une « scène » spécifique de la mentalité entrepreneuriale, visant à habiliter mes lecteurs-spectateurs à considérer le panorama de « La vision du monde de l'Entrepreneuriat » à partir de divers points de vue, qui se révèlent parfois très surprenants.

Partie III : La Galerie Artistique Goshio des Réalités Entrepreneuriales

Vous ne pouvez pas savoir, mes Chers Lecteurs, à quel point je suis heureux de vous accueillir chaleureusement, au nom de Goshio, dans notre merveilleuse Galerie d'Observations-Tableaux. Puissiez-vous découvrir, selon les mots attribués au grand philosophe français Denis Diderot: «Le merveilleux dans le familier et le familier dans le merveilleux.»

Les Observations-Peintures sont les bijoux artistiques de notre galerie, tandis que les Réalités nouvelles ou diverses sont tout ce qu'il y a dans le cœur de l'art (et l'art d'entreprendre). Deux perspectives, deux descriptions…
Et maintenant, sans plus tarder, allons de ce pas la Galerie visiter...

N'écoutant que son conseil, je me souciai alors de chercher ma propre perspective, mon point de vue personnel sur l'Entrepreneuriat. Je pense vraiment avoir plutôt bien réussi, même s'il reste encore beaucoup des découvertes à accomplir dans cette sphère. Et je crois qu'il est important et utile de partager les fruits de mes trouvailles avec les Lecteurs et les Entrepreneurs. Dans ce livre, chacun des points de vue se présente sous la forme d'un tableau reflétant une Observation particulière, qui à son tour donne aux lecteurs (ou aux spectateurs ?) une perspective unique sur ses activités. L'exposition de ces Observations-Tableaux révèle au lecteur-spectateur un panorama à 360 degrés de ses propres activités – vues de différents points de vue et empruntant des aspects divers, à l'instar de l'œuvre d'un artiste cubiste. En guise d'analogie, imaginons que le lecteur visite une exposition virtuelle. Dans cette galerie imaginaire (ou peut-être très réelle) d'images, les visiteurs trouveront une abondance de ces Observations-Tableaux – un terme que j'utilise pour décrire une variété de circonstances, de faits et de facteurs, qui influencent l'aquarium dans son ensemble, ainsi que chaque objectif particulier qu'un poisson rouge (Entrepreneur) s'efforce d'atteindre.

Au cas où vous ne vous seriez pas encore aventuré dans le passage qui mène à notre Galerie des Réalités Entrepreneuriales (autrement dit, si vous n'avez pas lu le Centrologue) ou même si vous l'avez lu, permettez-moi de dire ceci… Après avoir analysé les stratégies possibles dont dispose notre poissonnette rouge magique Goshio, j'ai décidé de partager avec vous dix Observations importantes qui, à mon avis, détermineront dans une large mesure le destin et le bonheur futurs de notre poissonnette rouge.

La seule chose pire que cela est qu'une telle confiance enfle souvent pour se muer en effronterie, puis se gonfle encore plus et se métamorphose en ballon de stupidité. Socrate n'a-t-il pas dit : « Tout comme le vent gonfle les sacs vides, l'arrogance gonfle les gens stupides » ? Ou comme on dit en français : « Qui ignore les bons conseils le fait à son péril. » Et, finalement, dans mon coin de pays, nous avons un dicton qui libéralement exprimé affirme : « Qui sait ce qui est pire – enseigner à un idiot ou demander à un mort d'obéir ? »

Prenons comme analogie, un énorme tableau, et un fragment de cette grande œuvre qu'est le tableau. Un observateur qui ne peut voir qu'une infime partie de la peinture est néanmoins confiant et convaincu de comprendre l'œuvre dans son ensemble, malgré cette vérité – la peinture entière est des milliers de fois plus grande que la petite section observée.

Comme Goshio, la plupart des gens ne pensent pas à la Paraquarie, l'environnement qui les entoure (et qui existe à l'extérieur de « l'aquarium »). Cette méconnaissance va jusqu'au manque de reconnaissance qu'il y a un environnent autour de nous. Et pourtant, cet environnement, ce monde, existe, qu'on en tienne compte ou non.

Première Observation :
Votre Environnement Compte

Tout comme notre poissonnette rouge dans son habitat aquatique, les Entrepreneurs et leurs produits n'existent pas dans un « vide cosmique », coupé des consommateurs, dans un monde qui leur est propre et à l'écart de leur environnement – non, ils existent toujours dans un contexte très spécifique d'interaction avec les consommateurs.

Lorsque Goshio contemple son environnement de l'intérieur de l'aquarium, elle suppose que la vie « là-bas », « de l'autre côté », « au-delà » est exactement la même que dans ses propres mers Aquariennes. En effet, la langue, les mœurs, les coutumes et la conduite des autres poissons (citoyens de la Paraquarie) – tout cela semble si similaire, presque identique au monde qu'elle connaît, que notre Goshio arrive à la conclusion très « raisonnable » que ce grand monde Paraquarien n'est qu'une simple réplique de son propre univers aquatique à une plus grande échelle.
Malheureusement, notre petite poissonnette rouge ne connaît pas cette simple vérité : la vie en dehors de l'aquarium représente un océan de différence avec la vie à l'intérieur de ses murs.

Deuxième Observation : Les lois ne sont pas universelles

Comme l'a dit avec sagesse l'anthropologue étatsunien Ralph Linton : « L'eau est bien la dernière chose à laquelle un poisson ferait attention. »

ENTREPRENEUR/PRODUIT ET LE CONSOMMATEUR

sont liés par le contexte d'interaction

Le deuxième point de vue est considérablement plus effectif. Il s'agit d'une vue panoramique, couvrant un grand angle de « paysage », et cet angle permet à l'observateur de voir l'interaction et l'interrelation entre le problème, l'environnement et soi-même. Mais surtout, cette perspective de l'extérieur de l'aquarium permet à notre poissonnette rouge d'être connectée avec son environnement – après tout, on ne peut pas se baigner sans se mouiller, n'est-ce pas ?

Le premier point de vue (observer le problème depuis la sphère même où le problème existe) est la position la plus désavantageuse. Il est pratiquement impossible de discerner « le chemin de la victoire » de ce point de vue – l'espace est trop étroit, empêchant notre poissonnette rouge de voir une solution effective. L'on pourrait dire que le « champ visuel » du problème est trop restreint, insuffisant pour la prise de décisions. (Par champ visuel j'entends, bien sûr : le panorama, l'étendue de ce que l'on voit). Pour apercevoir la Victoire, il faut l'observer dans toute sa stature. Allez-y et essayez d'inspecter un gros objet (comme une bouteille d'eau), qui se trouve juste au bout de votre nez (littéralement), à seulement quelques centimètres de vos yeux. Un peu difficile, n'est-ce pas ? Même si l'on parvient à trouver une solution au problème en le regardant de l'intérieur du domaine même du problème, le résultat pourrait fort ressembler à cette adaptation d'une citation célèbre : « On court toujours le risque de gagner la bataille, mais de perdre la guerre. »

On peut évaluer les choses de plusieurs points d'observation (j'utilise les termes point d'observation, point de vue ou perspective de façon interchangeable dans cette fable). Notre connaissance ou notre perception dépend toujours du point de vue choisi : souvent, deux personnes voient le même objet, mais leurs interprétations sont séparées par un gouffre, voire un océan.
Lorsque notre poissonnette rouge rencontre un problème dans un certain domaine, elle peut observer ce problème de deux points de vue complètement différents. Le premier point de vue est celui où elle perçoit le problème de l'intérieur de l'aquarium, tandis que le second point d'observation se situe à l'extérieur de l'aquarium et à distance de celui-ci.

Curieux, n'est-ce pas ? Goshio sait très bien qu'il y a « de l'eau, de l'eau partout », et pourtant elle ne peut pas dans ce moment précis saisir pleinement ou vraiment même ses alentours les plus immédiats – et cela nous amène directement à notre prochaine et troisième observation. Troisième Observation : Soyez là où vous pouvez voir la Solution

SUR LE CHOIX DU BON POINT DE VUE
sur le problème

La Quatrième Observation découle de la précédente : afin de ne plus être complétement asservie par et dépendante de son propre environnement, pour ne plus être totalement et désagréablement affectée par celui-ci, et pour obtenir le suffrage dans son environnement, pour ainsi dire, Goshio doit élargir les murs de son propre aquarium trop étroit afin de faire de la place pour une partie de ce qui était auparavant l'environnement extérieur.

Une fois, le renard dit au Petit Prince: «Tu n'es encore pour moi qu'un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je n'ai pas besoin de toi. Et tu n'as pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi qu'un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde...»
Ne pensez-vous pas, mes Chers Lecteurs, que ce renard rusé évoquait sagement ici une connexion… ?

Le principe philosophique consacré qui sous-tend cette Observation pourrait laconiquement s'énoncer ainsi : la réciproque de la Cause et l'Effet existe uniquement quand il y a une connexion entre les deux.
Sans cette connexion, le duo de la Cause et l'Effet n'existe pas. À cet égard, c'est la connexion (l'union, le lien, l'accouplement, etc.) elle-même qui crée la relation de Cause à Effet.

Et voilà bien la principale erreur qu'un Entrepreneur pourrait faire ; celle qui consiste à développer un produit ou développer une clientèle sans construire un pont durable – une connexion efficace et fiable entre l'Entrepreneur et la Clientèle. En ce sens, l'Entrepreneuriat concerne davantage la création de telles connexions entre les Entrepreneurs et leurs Clients, au-delà des produits ou des clients séparément.

Quatrième Observation : Cause, effet et connexion

Mais son idée de « connexion » peut être facilement démontrée en utilisant un exemple plus matériel comme celui d'une remorque. Dans l'industrie automobile, on utilise des tracteurs (cause) pour remorquer des caravanes, des semi-remorques et des camions à plateau (effet). Si cette relation n'existe pas, nous n'avons que cause potentielle et effet potentiel. Jusqu'au moment où le camion-tracteur le plus puissant du monde est physiquement relié à une caravane, ce tracteur n'est qu'une cause potentielle. Ce qui le transforme en cause vraie et authentique, c'est sa connexion avec la remorque.

devient effet

Cinquième Observation : Étendre les limites de la compréhension

Lorsque Goshio agrandit les murs de son aquarium, élargissant ainsi l'espace intérieur, elle acquiert également plus de contrôle sur l'environnement extérieur pour la bonne et simple raison qu'elle réussit à « annexer » une partie de cet environnement pour ses propres besoins aquatiques. De plus, ce nouvel état de choses lui permet d'élargir le champ de vision sur ses propres alentours – notre héroïne a maintenant un angle d'observation meilleur et plus large et peut observer plus d'interactions au sein de son propre aquarium tout nouvellement agrandi.

Il faut dire que l'espace que l'on contrôle (dans sa tête d'abord et avant tout) détermine ses ressources. Les meilleurs artistes, scientifiques, dirigeants et entrepreneurs tirent parti des idées et des ressources du monde entier. Vous pouvez ou non aimer Hollywood, mais cela attire certainement des talents de tous les coins et recoins de la planète. Et, bien sûr, son espace (son terrain de jeu) est exactement là où se déroule l'interaction de la Cause et de l'Effet. La relation de Cause à Effet est un principe général de la vie, mais dans le domaine entrepreneurial, cela se transforme en une interaction entre l'Entrepreneur et le Client (où les deux sont alternativement Cause et Effet). Et c'est l'une des façons dont ce trio d'observations est connecté.

En parlant d'espace, permettez-moi de philosopher brièvement, mais pratiquement, et de relier la Troisième Observation (points de vue), la Quatrième (cause et effet) et la Cinquième (l'espace). Pour commencer, je dois dire que les points de vue et l'espace sont interdépendants. Les gens de mer et les pilotes perçoivent et naviguent une grande quantité d'espace, et par conséquent ils ont un point de vue très différent (dans tous les sens) de celui d'un employé de bureau. Cela va aussi dans l'autre sens : le point de vue de grands explorateurs comme Vasco de Gama, Christophe Colomb et Jacques Cousteau les conduit à s'aventurer dans un espace vaste et sans limites. La définition de l'Entrepreneuriat est un point de vue particulier : quelle doit être l'étendue de l'espace entrepreneurial ? De grands esprits comme Steve Jobs et Elon Musk ont un certain point de vue et jouent donc dans une arène mondiale (voire cosmique), mais quelqu'un d'autre pourrait se contenter d'être un dépanneur du coin. À l'inverse, les conceptions de l'espace peuvent façonner la portée de l'Entrepreneuriat – les marchands de la grande Route de la Soie, limités en technologie, savaient qu'un vaste espace existait entre l'Europe et l'Orient, et donc l'Entrepreneuriat pour eux était un commerce sur des milliers de kilomètres. D'autres, qui croient pour une raison quelconque que leur espace est limité, font du commerce dans leur quartier.

EXCURSION PHILOSOPHIQUE

Sur l'espace, le point de vue et leur corrélation

sur le commandement de l'espace

On notera parmi les poissons rouges, des différences dans leur capacité à mener à bien des conquêtes territoriales aux dépens de la Paraquarie et à s'emparer de l'espace dont ils ont un besoin vital, mais il existe une règle essentielle qui détermine cette capacité. Ce sera notre Sixième Observation, et permettez-moi dès maintenant de la partager avec vous.

Considérez ceci : chaque fois que Goshio s'approche de la frontière « périlleuse » entre les deux mondes, sa propre Aquarie bien-aimée et le grand et majestueux monde de la Paraquarie, elle ressent une terreur infinie et innomée.

La capacité d'élargir les murs de l'aquarium et par conséquent d'élargir son champ de vision, ainsi que d'augmenter le volume réel de l'aquarium, dépend principalement de la mesure dans laquelle notre poissonnette rouge comprend le monde (l'environnement) qui existe par-delà son tribord, son bâbord, sa poupe et sa proue. Puisqu'on a déjà évoqué le fameux (ou l'infâme) Château d'If, permettez-moi de souligner, Chers Lecteurs, qu'Edmond Dantès n'a pu s'évader, devenir un homme libre, livrer justice et sans doute retrouver l'amour, que pour la bonne et simple raison qu'il avait fait l'effort d'étudier et de comprendre l'environnement autour de ce château morbide. L'environnement affecte l'aquarium de Goshio de manière significative et il dicte également à la fois la vitesse et la direction du mouvement de l'Aquarie et de tous ses résidents heureux et frétillants. Faute de connaissances sur le monde extérieur, notre poissonnette rouge hésitera même à s'approcher des frontières de l'aquarium et choisira plutôt de rester dans des eaux sûres, mais ô combien contraignantes, loin des courants inconnus et inexplorés du monde « Paraquarien».

Sixième Observation : La liberté ou le confort ?

De toute façon, quel que soit l'angle sous lequel vous considérez la situation, dans sa quête de liberté, Goshio devra devenir une exploratrice pionnière des Profondeurs inexplorées du Marché de la Paraquarie et devra acquérir des connaissances (même découvrir des secrets) sur les territoires sis au-delà des limites de son monde aquatique. Il lui faudra aussi aller à la rencontre des créatures qui peuplent ce monde au-delà — ou mieux encore, y établir des liens d'amitié. Mais alors, nous ne pouvons tout simplement pas abandonner nos voyages planétaires… Vous vous souvenez du géographe ? Il s'est assis et a écrit, dessiné et cartographié – des cartes, des cartes et encore des cartes. Pourtant, il ne savait rien de sa propre planète, sans parler du reste. Malheureusement, il pensait que les roses étaient éphémères. Vous et moi, Lecteurs, nous en savons d'avantage sur le sujet… Son excuse pour être coincé au bureau ? – Pas le temps et trop de choses à faire. Ça vous dit quelque chose ? Quelle est la vérité ? Trop souvent, les gens s'enferment dans un monde exigu parce que leur niveau de confort (ou d'inconfort) et le degré de leur courage pour surmonter la peur a besoin d'un coup de pouce. Notre géographe pourrait profiter des leçons de la part de gens comme Ulysse ou Edmond Dantès, comme nous en profitons tous dans une certaine mesure... Et cela nous amène aux observations sept, huit et neuf.

GUIDE DU VOYAGEUR EN PARAQUARIE

Parlant de visions du monde, les différences entre elles peuvent être démontrées par un autre important principe philosophique: Là où un Entrepreneur choisit de commencer la séquence de résolution de problèmes, et là où il juge bon de la terminer dépend uniquement de ses convictions et de ses suppositions – autrement dit, de la vision du monde de l'Entrepreneur.

Pour que Goshio puisse diriger son attention vers le monde extérieur et se lancer dans un voyage d'exploration, il lui faudra tout d'abord changer sa propre vision du monde. Sa vision actuelle de la vie a entraîné une certaine résistance au changement et lui a permis de mener une existence de cyprinidé confortable (si limitée soit-elle) – reflétée dans le miroir de sa vie par toutes les choses auxquelles elle s'est tant habituée depuis sa genèse. C'est cette erreur qui a joué une farce si démoniaque à notre poissonnette rouge et l'a « emmurée » à l'intérieur de l'aquarium.

Septième Observation : Ne luttez pas contre le changement

CHANGEMENT COMPLET DANS LA VISION DU MONDE

IL N'Y A PAS BESOIN DE RÉSISTER AUX CHANGEMENTS

En développant notre analogie à partir de la première observation, disons que nous avons une peinture délimitée par les bordures du carré C, qui comprend deux plus petits carrés : B et A. Maintenant, supposons que le segment délimité par le carré A est le seul fragment de la peinture que nous pouvons observer directement, tandis que le reste (les parties en dehors du périmètre de A) échappe à notre observation. Dans ce cas, nous ne serons pas en mesure d'identifier ou d'imaginer le tableau illustré par le carré C dans son ensemble – après tout, nous ne pouvons voir que la partie entourée par A, tandis qu'un vague (ou très clair) sentiment voit le jour, au plus profond de nous, et nous ronge – nous laissant visualiser qu'il y a quelque chose de plus, au-delà… Naturellement, nous pouvons essayer de deviner ce qui pourrait être représenté dans les carrés B et C en utilisant uniquement le fragment représenté en A, mais dans ce cas, notre prédiction n'appartient qu'au domaine de l'incertitude. Nous le savons. Nous sommes conscients de notre propre ignorance, de notre « cécité », de notre incertitude, et donc – de notre peur… Ce phénomène est la racine de l'incertitude dans notre vie– nous sommes condamnés à essayer de discerner la « toile de la vie » dans sa totalité uniquement à partir d'un minuscule fragment que nous pouvons directement observer, percevoir et comprendre. Et ceci nous amène à la prochaine Observation, la neuvième.

Huitième Observation : La peur de l'inconnu

Si la poissonnette Goshio veut connaitre la réussite dans sa quête hors de l'aquarium, il lui faudra vaincre sa peur de l'inconnu. Cette peur découle toujours de la complexité et de l'incertitude - en d'autres termes, c'est un symptôme de l'incompréhension de l'environnement. La peur et l'ignorance sont des phénomènes liés.

sont des phénomènes liés

Lorsque nous n'observons qu'une partie de l'ensemble de l'image (comme le cercle A dans l'illustration), nous pouvons percevoir ce segment comme s'il s'agissait de l'ensemble de l'image (cercle B), puis ajouter les touches restantes utilisant comme base notre imagination. Cela nous amène à concevoir une version finale de l'objet qui n'est claire et logique que pour nous (Cercle C). Sauf que le véritable objet (une girafe) et la contrepartie que nous avons si intelligemment imaginée en observant seulement une partie de la girafe sont deux choses complètement différentes.

Neuvième Observation : Tout ou partie?

Nous pouvons continuer avec notre exemple, faisant une comparaison avec l'Entrepreneuriat et illustrer une erreur dans le choix de notre public cible. Disons que l'Entrepreneur a un produit, un revêtement pour les dents fait d'un matériel élastique ferme. En dentisterie, cela s'appelle des « gouttières. » L'Entrepreneur a développé et fabriqué ces gouttières standard – et elles ont été produites en série et distribuées sur le marché. Pourtant, le marché ne les achète pas pour une étrange raison. Pourquoi ? – Bonne question. Parce que dans notre exemple, le véritable public cible sur le marché sont les girafes – il n'y a pas de crocodiles (ni même d'alligators, d'ailleurs) Pourtant, notre Entrepreneur était absolument persuadé de n'avoir vu que des crocodiles sur le marché (pour lui, il n'y avait pas de girafes !), et donc le produit a été créé pour s'adapter aux dents du crocodile. Malheureusement, les girafes ont une structure de mâchoire différente de celle des crocodiles, et les gouttières de crocodile ne conviennent pas aux girafes. Le pire, cependant, est que les girafes n'ont de dents de devant que sur la mâchoire inférieure et aucune sur la mâchoire supérieure ! Mais ce qu'elles ont sur le palais, c'est un bourrelet gingival ferme (coussin gencive). La girafe utilise ses dents inférieures pour presser les brindilles et les branches contre ce coussin gencive et serrer les brindilles fermement et tirant son déjeuner des arbres et des buissons. Mais maintenant, lamentablement, la girafe se retrouve dans un dilemme dans laquelle ses « dents supplémentaires, » des gouttières de crocodile, l'empêchent non seulement de mordre les branches, mais également de refermer ses mâchoires. Pourtant, les girafes ne peuvent tout simplement pas se promener trop longtemps avec la bouche ouverte. Dans l'ensemble, les girafes n'ont pas beaucoup apprécié ce truc-là et les ventes sont tombées en chute libre. Et c'est ainsi que tout cela s'est passé. À première vue, mes Chers Lecteurs, vous pourriez penser que j'ai poussé le bouchon un peu – ou trop – loin avec cet exemple. Je ne dirais pas le contraire. Mais si vous regardez attentivement autour de vous, je suis presque certain que vous trouverez de nombreux exemples « vivants et respirants » d'erreurs équivalentes.

Les limites réelles de l'aquarium peuvent être «calculées » en utilisant quatre étapes très magiques. Avant de les énumérer, il est juste d'expliquer pourquoi vous souhaiteriez même calculer les limites de votre propre « Aquarium». Il y a diverses raisons, mais un point me vient à l'esprit : si vous savez où se termine votre «Aquarie » et où commence votre « Paraquarie», vous savez également qui est ami ou ennemi, coéquipier ou rival - ou, peut-être, pas un rival mais une personne qui ne fait tout simplement pas partie de votre équipe. Vous savez exactement où va votre loyauté et quelle devrait être la base de la prise de décision. Cela ne veut pas dire que nous voulons du mal ou avons l'intention de mener une guerre réelle contre la «Paraquarie» (la guerre est un jeu de fous) – non, nous sommes intéressés par un large panorama et un scénario gagnant-gagnant. Et pourtant, comprendre clairement où se situent les limites du terrain de jeu, où se trouve votre propre but et qui sont vos vrais coéquipiers ne peut pas faire de mal, n'est-ce pas? Cela nous aide à éviter les gaffes comme marquer dans notre propre but ou tacler nos propres coéquipiers – une erreur qui, hélas, est trop souvent commise dans la vie.

Notre dixième et dernière Observation pourrait s'appeler le secret du succès. Il s'agit en fait d'aider notre belle poissonnette rouge à apprendre à faire deux choses : déterminer les bonnes dimensions de son aquarium et comprendre les principes de base du fonctionnement de son environnement. Passons maintenant à notre Observation finale. Dixième Observation : Évaluez votre monde (ou La formule magique de Goshio)

Maintenant que je vous ai proposé une bonne raison de calculer les limites de l'Aquarium, regardons comment cela se fait. Dans la première étape un poisson rouge décide quels problèmes il considère comme sujets d'étude méritant son attention dans sa vie et ses activités actuelles.

La deuxième étape consiste à déterminer les approches appropriées pour analyser ces problèmes.

Dans la troisième étape, il est nécessaire de trouver des explications acceptables expliquant l'existence de ces problèmes – des explications acceptables pour le poisson rouge lui-même. (Curieusement, n'importe quelle explication lui amènera un peu de paix, mais seulement la bonne solution l'aidera vraiment.)

Et finalement, la quatrième étape consiste à sélectionner les bonnes méthodes pour résoudre efficacement les problèmes choisis.

On peut en conclure que plusieurs « aquariums » différents nous donneraient des formulations distinctes des problèmes ; des méthodes contrastées d'analyse des problèmes ; diverses explications pour l'existence de ces problèmes ; et des approches uniques aux solutions. Ainsi, nous voyons que les similitudes et les différences entre plusieurs « aquariums » sont déterminées spécifiquement par ces quatre paramètres clés.

Et voilà le secret magique, et pourtant si simple, du succès… Mais une narration plus détaillée sur ce secret, prendra vie dans une future histoire, mes Chers Lecteurs.

Si nous ne pouvons pas comparer et différencier, alors comment pourrions-nous faire la lumière sur pourquoi, par exemple, une poissonnette rouge survit dans son aquarium tandis que d'autres poissons dans les aquariums voisins dépérissent ? Et c'est précisément pour cela que la capacité à différencier est le Saint Graal de l'art, l'art de l'entrepreneuriat et des relations humaines, et même l'art de vivre lui-même.

Nous pourrions appeler cela notre observation très finale, non planifiée, un bonus en quelque sorte… Et nous pouvons également supposer qu'il y a une onzième planète, une planète de Confusion avec un homme Confus vivant à sa surface. Il pense que le rouge est rose et l'écarlate est rouge ; il croit que les coyotes sont des chacals et que les tigres sont des lions ; il pense que les Italiens sont les mêmes que les Français et les mêmes que les Romains mais aussi les Grecs ; il pense que les planètes sont des étoiles et que les astéroïdes sont des trous noirs. Oh, non… Cette planète serait un cauchemar, n'est-ce pas ? Mais est-ce si différent de la planète Terre ? D'accord, laissant la philosophie de côté, dans la vie vraie, la capacité de comparer les choses et la capacité de les différencier sont étroitement liées, et cette dernière capacité est la clé de voûte de toute activité humaine rationnelle et consciente. Je pourrais ajouter que la capacité de différenciation est aussi la pierre angulaire de la raison elle-même. Vous conviendrez, je pense, que si une personne ne peut pas faire la différence entre une brosse à dents et du dentifrice ou ne peut pas distinguer un taxi d'une voiture de police, si l'on commence à confondre des chaises avec des chaînes, des tables avec des fables ou si un observateur ne peut même pas distinguer des nuances légères mais vitales entre des choses comme une chaise et un fauteuil ou l'azur et le bleu – alors quelque chose de désagréable risque fort de se passer.

Observation de Bonus : Apprendre à différencier

LA CAPACITÉ DE COMPARER ET DE DIFFÉRENCIER

Apprendre à différencier

IL EST UTILE D'ÉTUDIER LES AQUARIUMS

Par parties et par interaction